Après 38 années passées à l’ARPP, la directrice de la Déontologie tire sa révérence. A la veille de son départ, elle revient sur son parcours personnel et professionnel , ses choix et évoque la future fonction qu’elle occupera au Jury de déontologie publicitaire à partir de la rentrée prochaine.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Cette célèbre citation, attribuée à Confucius, reflète bien l’état d’esprit de Catherine lorsqu’elle se confie sur les étapes qui ont jalonné son parcours.
A 63 ans, elle a le sentiment d’avoir vécu une vie professionnelle douce, qui s’est parfaitement intégrée dans sa vie privée. « J’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire », raconte-t-elle en se remémorant ses premiers moments au BVP (Bureau de vérification de la publicité, l’ancien nom de l’ARPP, ndlr).
Ce qu’elle voulait faire ? Allier Droit et Publicité. Le BVP lui donne l’occasion de satisfaire cette envie ; d’abord en tant que stagiaire à son arrivée en juin 1980, puis en tant que juriste-conseil, fonction qu’elle exercera jusqu’à sa nomination au poste de responsable de la Déontologie en 2012. Surtout, à l’époque, elle trouve dans le BVP le moyen de construire quelque chose d’utile. «Tout était à faire », se souvient-elle. En effet, le BVP des années 1980 n’a absolument rien à voir avec l’ARPP d’aujourd’hui. Avec une activité publicitaire ralentie, une équipe de juristes restreinte à 3 personnes et peu de Recommandations déontologiques à son actif, l’organisme en est presque à ses débuts et se cherche encore une légitimité auprès des pouvoirs publics. C’est ce challenge qui motive Catherine et la pousse à poursuivre sa vie professionnelle au BVP, puis à l’ARPP.
En 40 ans, une évolution éthique incontestable mais une régression manifeste
Un parcours étalé sur quatre décennies pendant lesquelles elle assiste à la professionnalisation du BVP, qui se trouve chargé en 1992 du contrôle préalable de la publicité télévisée, et à l’explosion du nombre de messages publicitaires due à l’émergence de nouveaux modes de communication. Une évolution qui lui donne l’occasion de constater un « progrès éthique incontestable du point de vue de la construction des messages publicitaires », doublé d’un paradoxe : ce progrès s’est accompagné d’une régression manifeste. Selon elle, les nouveaux modes de communication ont évolué beaucoup plus vite que leur prise en compte par la régulation, comme en témoignent les règles applicables aux communications d’influenceurs, élaborées récemment en 2017.
« Travailler en confiance et en liberté est essentiel pour moi »
Rester presque 40 ans dans une même entreprise est pourtant une chose qui peut paraître inconcevable pour beaucoup, a fortiori pour les jeunes générations qui rêvent aujourd’hui d’une vie professionnelle moins linéaire que celle de leurs aînés. C’est d’ailleurs une particularité de l’ARPP, qui est habituée à des turn-over moins rapides que dans les autres entreprises. Catherine assume ce choix et le justifie parfaitement. « La recette de l’ARPP, c’est l’obligation d’un travail collectif et des turn-over moins rapides qui permettent d’approfondir efficacement le travail en commun ». Pour elle, ce nécessaire sens du collectif est un gage de puissance et d’efficacité vis-à-vis de l’extérieur car il permet d’atténuer la part subjective de l’éthique, concept qui repose nécessairement sur une appréciation personnelle.
« La vraie intelligence, c’est de douter de soi »
Ce plaisir du travail collectif, Catherine aura l’occasion d’y goûter pendant encore quelques temps. Le Conseil de l’Ethique Publicitaire (CEP), instance de réflexion de l’ARPP, vient de la désigner membre du Jury de déontologie publicitaire (JDP), l’instance disciplinaire de la profession publicitaire. Une fonction qu’elle occupera effectivement à partir de septembre prochain, en remplacement de Françis Benhaïm, dont le mandat s’achève à cette date. « C’est une autre forme de travail collectif », se réjouit-elle à l’évocation de cette nouvelle mission qui va lui permettre d’assurer une transition et de préparer la suite. Car Catherine souhaite avant tout profiter de la nouvelle vie qui s’offre à elle. Selon elle, le secret de l’adaptation dans la vie professionnelle pourrait se résumer ainsi : « Il faut arriver au travail en courant et en partir en courant ». Une réflexion qui pourra inspirer chacun.